Premiére Journée de Lycée ~ [Pv Prune]

Le vague espoir d’échapper au lycée n’avait pas vraiment effleuré Toboe. Ses parents avaient éloigné tout doute sur la question au court du dîner. Son père l’avait regardé au-dessus de ses grosses lunettes, un regard des plus nobles, irrésistiblement comique, le garçon s’était mordu la langue pour résister à la tentation d’éclater de rire, il ne souvenait encore très bien des conséquences qu’un tel affront pourrait engendrer. Son père avait déclaré, d’une voix glaciale, qu’il espérait que son fils brillerait demain en classe. Toboe avait opiné du chef en signe d’approbation, surtout, il ne devait pas sourire. La froideur dont ses parents faisaient preuve tenait presque de la cruauté. Le garçon ne se souvenait plus du dernier câlin, du dernier baiser, du dernier sourire. Les seuls sourires que ses parents lui adressaient étaient remplis d’une hypocrisie démesurée. Il en souffrait…
Il le méritait. Le gamin essuya les larmes sur ses joues avec le dos de sa main. L’emploie du temps stipulait qu’il n’avait pas cours à cette heure. Toboe avait choisis de s’installer sur les marches d’un escalier. Il avait un peu froid, son manteau bleu foncé était posé sur ses petites épaules, blottit contre le mur, son sac posé à ses pieds, le garçon jouait à sa GBCB en silence, l’esprit embrumé de sombres souvenirs.

Droit, Haut, Bas, Gauche, A, A, A, B. Sabrina ouvrit la porte qui donnait l’accès au dernier niveau. Le doigt de Toboe fut descendre le bouton ON. L’écran devint noir, il fourra la console dans son sac sans regarder les gens qui passaient. Il calla sa tête contre le mur, songeant.

Ils l’avaient prévenus du déménagement un mois à l’avance, Toboe avait pris naïvement cet acte comme une preuve d’amour. Il s’était préparé à l’avance, mentalement, à perdre chacun de ses repères, de ses amis. La solution la plus simple fut de couper les ponts, ne plus allumer son portable, les ignorer au lycée, ne plus y aller, assumer la perte, pleurer seul en silence, mourir seul, en silence. Heureusement, il y avait son idole de toujours. Le môme noya son chagrin dans Sabrina et ses aventures passionnantes. Il avait des regrets. Il aurait dû tenir tête à son père, refuser de tout quitter, fuir, aller vivre chez Lui.
Maudissant sa faiblesse, Toboe donna un coup de pied dans son sac qui tomba sur le sol après avoir dévalé les trois marches qui restaient. Un reste d’espoir pour la nouvelle vie qui s’offrait à lui. Il l’avait découvert la veille, le Wired. Il avait tellement hâte de mettre ses connaissances en pratique. Se retrouver devant un ordinateur était son activité favorite. Face à son écran, il ne pensait plus qu’aux chiffres qui défilaient. Les codes qu’il tapait pour entrer dans un système lui faisait oublier toute autre chose. Il ne s’était pas encore connecté, il attendait le moment propice.

Ce qu’il ressentait pour le wired, sans même l’avoir encore vraiment utilisé, tenait de la fascination. Il avait placé ses espoirs de tendresse dans cette machine. C’était clair dans sa petite tête, s’il devait avoir un autre ami virtuel que Sabrina, ce serait son Navi, sans parler de la quantité de gens qu’il croiserait sur le wired.

Il ne faisait pas attention à ce qui l’entourait, alors il ne vit pas la jolie brune qui le regardait de ses yeux tendres. Trop occupé à se morfondre sur son propre sort ou à imaginer un futur plus heureux. De toute façon le bonheur ne lui convenait pas. Quand il n’avait aucune raison d’être triste, il se demandait quand finirait le bonheur. Aussi son cerveau était loin d’avoir prévu qu’un être vivant pénètre sa vie alors qu’il n’était pas suffisamment triste. Comme il n’avait rien prévu de tout cela, il sursautat et claqua sa tête contre le mur. Le mouvement brusque fit tomber son manteau sur les marches. Toboe regarda la jolie brune qui venait de lui faire peur. Sa voix chantante le calma vite.

« Hello ! »

Elle était jolie, mignonne même, un regard candide, innocent. Elle tenait ses genoux contre sa poitrine. Toboe se dit que finalement, cette fille était certainement la meilleure chose qui pouvait lui arriver ce premier jour dans son nouveau lycée. Le coude plié, il se posa la main sur la nuque et salua avec un sourire légèrement gêné.

« Salut ! Euh…Désolé de ma réaction ! Je pensais pas que quelqu’un me parlerait ! Et je t’ai pas entendue arriver… »

Pas mal, c’était la première parole qu’il prononçait depuis qu’il était arrivé. Toboe s’était enfermé dans un espèce de mutisme pour manifesté sa tristesse. Mutisme que personne ne s’était donné la peine de remarquer. D’habitude véritable moulin à paroles, le petit n’avait pas ressentit le besoin de s’exprimer depuis deux jours. Le plus rageant c’est que personne n’y avait fait attention. Qui aurait pu s’en rendre compte ? Ses parents ? Il ne possédait nullement le droit de leur adresser la parole sans y être autorisé. Plus personne ne pouvait s’en rendre compte. Fort heureusement, il venait de retrouver l’usage de la parole. Le garçon posa soudainement son bras entre lui et l’inconnue salvatrice.

« Je m’appelle Kajiru Toboe et toi,crevette ? »

Un surnom qui frisait la débilité profonde, il était venu au garçon presque naturellement, comme s’il devait se placer là, à la fin de cette phrase. Il la trouvait jolie, même si ses goûts en matière de femmes étaient plutôt étranges. Elle lui semblait plus jeune que lui. Cette fausse idée était excusable, elle paressait tellement enfantine. L’exacte jumelle de Toboe.




(Encore désolé pour ce post si court...)

Crevette…Le jeune fille cessa de s’agiter à l’entente du surnom, ce qui fit sourire Toboe. Elle faisait des mimiques des plus attachantes. Le garçon eut envie de lui faire un gros câlin, mais l’éternelle crainte d’être repoussé lui faisait peur. Ce n’était pas le genre de ‘crevette’. Le regard du garçon se fit plus tendre, plus doux, comme la voix de sa futur-nouvelle-amie. Sans même réaliser qu’il ne la connaissait même pas…Toboe était ami avec toute la Terre, il suffisait de lui tendre la main.

- Crevette ? Crevette ! C'est trop craquant !

Visiblement son surnom lui plaisait. Il fut à peine surpris de remarquer qu’elle le dévisageait. A en juger par la manière dont elle le regardait, elle cherchait probablement un surnom pour lui. Toboe l’observait avec un sourire serein. Les adolescents, les filles surtout, cherchent toujours presque machinalement une appellation amicale pour leur entourage. Le petit Toboe avait très rapidement adhéré à cette tradition, elle lui allait bien et il était doué pour trouver des surnoms loufoques qui changeaient des habituels ‘Ma femme’ ; ‘ma sœur’… Ses pensées commençaient à peine à s’égarer quand le verdict tomba. Il valait le détour…

- Croquette.

D’abord les lèvres roses de Toboe s’étirèrent un peu plus, quelques secondes défilèrent avant qu’il ne lâche un rire joyeux. Il porta sa main devant sa bouche, par reflex, comme pour essayer – vainement – de cacher son rire. Pendant que la jeune fille, dont il ne connaissait pas le prénom mais il avait déjà oublié ce détail, s’étirait. Quand elle eut fini ses petits bruits amusants et Toboe de rire il la regarda avec un grand sourire.

-Croquette…

Le tic habituel revint le hanter l’espace d’un instant, il passa sa langue sur sa lèvre supérieur, l’humectant au passage. Les deux surnoms s’échappèrent de sa gorge comme une pensée à méditer.

- Crevette, Croquette, Crevette, Croquette…

Il se tu quelques secondes, la tête légèrement penchée sur le côté droit, il feintait la réflexion. Croquette et Crevette allaient bien ensembles. Il se tourna vers sa crevette, c’était la sienne à lui maintenant.

- Ca me va !

A peine vingt secondes. Cela lui avait pris à peine vingt secondes pour s’attacher, déjà trop, à Crevette, alors qu’il ne connaissait même pas son prénom. Il était véritablement pathétique. Pathétique ou mignon, ça dépendait des points de vue. Son regard se posa sur la fenêtre il regarda la cours un moment avant de sursauter. Toboe ressentait l’indescriptible besoin d’exhiber sa GBCB comme un trésor inestimable. C’était sa fierté, il était l’un des seuls à idolâtrer la GB alors qu’elle devenait complètement archaïque. Le gamin ramena son sac contre lui et en sortit la console.

- Regarde ! tu veux jouer ? C’est un jeu américain…Sabrina. C’est une sorcière et…

Il ne lui parut pas vraiment utile de se lancer dans des explications puisque tout était indiqué au début du jeu. Le garçon passa presque amoureusement sa manche sur l’écran de la console. Il était rayé à maints endroits, traitant de l’âge de la GB, il l’avait acheté à sa sortie. A l’époque, tout le monde en avait une. C’était devenu le jeu portable à la mode. Maintenant n’importe quel jeu pour téléphone portable avait des graphismes plus développés que ceux de la célèbre GB. Elle allait peut-être se moquer de lui… Les joues de Toboe s’empourprèrent légèrement.

- Tu veux…Je te la prête si tu veux ?

Croquette...Le garçon souriait tandis qu'elle réfléchissait, se creusant la tête comme d'habitude. Ses parents auraient dit que çà servait à rien si ce n'était pas pour les cours. Mais Prune détestait les cours. Bah. Et puis, elle aimait bien s'échiner à réfléchir sèrieusement à profondèment quand c'était pour des choses qui lui plaisaient. Quand elle était petite, la jeune fille ne cessait d'échafauder des plans pour sortir de sa petite école. A l'époque, çà ne la gênait pas encore tant que çà de rester dans cet endroit confiné. Et encore. Lorsque Prune avait eût l'âge attendu pour la première période scolaire, elle avait dû immèdiatement se lancer dans une merveilleuse et sublime carrière scolaire qui lui ouvrirait la plus belle des voies professionelle. Mais çà ne s'était pas passé comme ses parents l'avaient prévus...

FLASHBACK

La gamine riait. C'était drôle, Maman et elle allaient faire une sortie, loin! L'adulte avait tout prévu, un grand sac avec toute ses affaires, et même une petite peluche avec laquelle l'enfant dormait tout le temps. Elles étaient parties toutes les deux, la plus petite tentant vainement de s'endormir dans les bras de la plus grande. Arrivés à l'école, Prune été restée un instant interdite. Et malgré son jeune âge, la vision de tous ces gamins, certains même plus âgés qu'elle...La faisait complètement flipper. Mais elle se décarcassa pour sa mère, et tenta même d'y aller en marchant - mais vu la constitution fragile de Prune, c'était pas gagné.

Elle se souvient encore de la grande porte impressionante, des hurlements semblables à des animaux sauvages, de la pseudo-aire de jeu qui ressemblait plutôt à un inquisitoire...Mais évidemment, les adultes eux, ne voyaient rien. Son premier jour à l'école se déroula merveilleusement bien. Prune avait longuement regardé par la fenêtre, et on quelqu'un demanda si elle voulait sortir, mais la gamine avait répondu par la négative. Les autres jouaient dans une grande salle de jeu. Elle était une sorte d'annexe à la petite classe. Prune était restée dans la salle, assise à regarder par dessus son épaule ce qui se passait derrière elle. Une grande poupée trônait sur un grand fauteil près de l'entrée de la salle. Elle en avait envie. Le chiffon faisait largement sa taille ! L'enfant voulait se l'approprier, s'amuser, s'oublier. Mais l'heure était au départ des mômes.

Le lendemain, c'était tout autre chose. Elle pensait que l'école, c'était un jeu et on n'y allait qu'une fois quand on y avait envie. Alors quand sa mère lui apprit qu'il fallait qu'elle y retourne, elle pleura à chaudes larmes. Et elle n'arrêta pas, jusqu'à ce qu'elle termine sa scolarité. Sa mère lui avait demandé si elle s'était faite des ami(e)s. Aucune réponse. On lui avait dit qu'elle s'en ferait aujourd'hui. Mais elle ne voulait pas, non...

Ce nouveau jour fut comme le précédent. Exactement le même, les embrassades en moins. La gamine sentait bien que cette chose qu'on appelait 'école' et qui intimait un sourire nostalgique ne serait qu'une série de répétitions horribles et suffocantes. Bien qu'elle intérprêtait çà à sa manière, étant encore toute petite. L'heure du 'jeu' avait sonné. Elle resta assise, comme la dernière fois. Ayant vu d'autres enfants lorgner sur la poupée. Paniquée, elle les fixait d'un regard noir, donnant déjà naissance à une certaine réputation. Au début on la croyait timide, puis au final on la caractèrisa de fille insupportable. Les enfants s'étant éloignés, pour reporter leur attention sur de gros Legos, elle inspira un grand coup, se redressant.

En se levant manifestement discrètement, elle attira le regard d'une autre fille qui était restée assise elle aussi. Celle-ci la fixait avec un étonnement non contenu, comme si elle s'en allait en guerre et qu'elle lui faisait ses adieux. Prune ne pouvait s'empêcher de se dire que cet endroit était pire que l'extèrieur. En marchant maladroitement jusqu'à la poupée, elle regarda l'intèrieur de la salle avec des grands yeux équarquillés. C'était un immense paradis, des tonnes de vieux jouets, tous dans les tons clairs et blancs. Des cubes, des figurines en plastiques, une cuisinière...Le seul point noir du tableau, c'était bien la présence d'une bonne quinzaine de marmots qui se battaient, hurlaient et se mordaient pour avoir droit à leur jouet. Prune ne se fit pas attendre, et tendit les bras vers le chiffon, la frôlant avant de ressentir une présence dans son dos.

- Allez les enfants, c'est l'heure de la sieste !

Non...Elle voulait jouer...Juste un peu...Mais la vieille brune au regard sec lui attrapa la main ainsi qu'à l'autre fille qui la regardait toujours avec de gros yeux ronds pour les diriger vers des sortes de couvertures étranges. La gamine se demandait ce qu'il fallait faire avec, jusqu'à ce qu'elle voit les autres enfants s'y jeter et se chuchoter des choses étranges, tous avec leur peluche à la main. Prune réagit aussitôt.

- Ma p'luche ! Ma p'luche !

L'adulte lui jeta un regard noir, du style 'T'aurais pas pu le dire plus tôt', avant de l'emmener vers les sacs pour qu'elle y trouve son lapin. La gamine le serra fort contre sa poitrine, hûma l'odeur de lavande douce qui s'en dégageait, caressa ses grandes oreilles douces et légèremment vieillies, et le berça contre son coeur. On l'intima silencieusement d'aller se coucher, chose qu'elle fit immèdiatement. Les couvertures puaient le renfermé, elles grattaient et l'enfant sentait bien le sol sous son dos. Mais elle ne dit rien, et préfèra se mettre sur le côté droit, sa peluche enserrée contre son ventre, comme un bébé. Ses pupilles s'équarquillèrent à nouveau lorsqu'elle croisa le regard de l'enfant qui l'avait couvée des yeux jusqu'à présent. Prune souffla doucement quelques mots, dans l'intèrieur de la couverture, pour que personne ne l'entende. Un petit frisson la parcourue. Elle ne le comprenait pas à cette époque-là, mais c'était un sentiment d'excitation et de plénitude qui l'avait parcourue. Là, à chuchoter dans le noir à cette petite fille. Peut-être allait-elle se faire une amie, elle qui était si étrange aux yeux des autres.

- Cà fait mal au dos...

Elle grimaça, et son interlocutrice ne pût s'empêcher de sourire. Cela rassura l'enfant, qui demanda, sur le ton de la confidence.

- Il sent quoi ton Doudou à toi ?

La fille aux yeux ronds resta un instant interdite, avant de se pencher et de plonger son visage dans ce gros animal bizarre - qui était un bébé phoque tout blanc en réalité - et de renifler bruyamment. Plusieurs secondes plus tard, l'enfant se redressa, et chuchota.

- Vanille...

Sa voix était douce et candide, un peu comme celle de Prune. Elle n'avait même pas pris la peine d'enlever ses grandes lunettes rondes pour s'allonger. Ses deux nattes châtains claires étaient soigneusement faites. Elles ne risquaient pas de l'être autant à son départ. Leurs regards se croisèrent, et elles rièrent doucement toutes les deux, sans aucune raison. L'adulte arriva et intima le silence d'un regard. Elles mirent leurs mains devant leurs bouches, sans cesser de pouffer légèrement.

Prune s'était faite sa première amie.

FLASHBACK

Son visage était toujours dans sa rélfexion si prenante. Puis, soudain, ce fut l'illumination et elle chuchota son surnom avec lequel elle l'appelerait jusqu'à la fin des temps. Croquette...Vraiment, c'était curieux. La première chose qui lui avait traversé l'esprit à l'écoute de son nouveau surnom, c'était une phrase 'C comme...'. Elle avait d'abord pensé à Cannabis, mais Croquette irait bien mieux au pauvre garçon qui allait la supporter. Et puis, elle avait vraiment l'impression de lui dire qu'il était craquant à la simple prononciation de ce surnom. C'était amusant. Il souria un instant, et Prune retint son souffle. Il ne lui plaisait pas ? Elle avait gaffé ? Les battements de son petit coeur s'accélèrèrent jusqu'à ce que Croquette éclata d'un rire joyeux. Prune plissa les yeux, un petit sourire innocent apposé sur ses lèvres fines. Le garçon, dans un geste très féminin qui surpris la jeune fille et affola le battemant cardiaque, il posa ses mains sur ses lèvres, en tentant vainement d'étouffer le rire qui jaillissait vivement de ses lèvres roses. Elle en profita pour s'étirer, attendant patiemment qu'il cesse de rire. Elle était contente de le voir sourire. Cà lui allait tellement mieux que cette petite bouille triste.

-Croquette…

Provenant de sa gorge, le surnom semblait diffèrent. Sa voix, bien qu'enfantine, était virile et profonde. Le '-r' roulait délicatemment sur sa langue, et le tapemment contre ses dents était sec et précis. Les joues de la jeune fille rosirent, sans qu'elle n'en comprenne la raison. Sa langue humecta ses lèvres qui semblaient douces. La brune souria. Il continua à faire rouler les deux surnoms dans sa gorge, jusqu'à ce que les deux consonnes principales s'accordent parfaitement.

- Crevette, Croquette, Crevette, Croquette…

Sa voix s'éteingnit, Prune le fixait tandis qu'il semblait réfléchir. leurs regards se croisèrent, et son visage s'illumina.

- Ca me va !

Il était adorable. La bouille de la gamine se fendit d'un sourire, avant de le voir regarder par la fenêtre. Elle s'attarda sur sa pomme d'Adam. C'était la partie qu'elle trouvait la plus sensuelle chez l'homme. Impudiquement, ses pupilles la dévisagèrent littèralement, comme si elle la photographiait. Il sursauta. Elle aussi. Il rammena son sac contre lui, il en sortit sa GBC. Elle eût un sourire béat, et ses yeux s'illuminèrent littèralement d'une lumière divine.

- Regarde ! tu veux jouer ? C’est un jeu américain…Sabrina. C’est une sorcière et…

Oh, ainsi il jouait à Sabrina...Prune fit la moue. Elle préfèrait les trucs plus glauques. Et plus réalistes. Au graphisme plus poussé. Mais çà avait l'air amusant. Et puis, elle était tellement douée pour ces bidules. C'était toute sa vie, une vraie geek. Ses mains s'activèrent d'elles-mêmes. Elles se mirent à trembloter d'impatience. Au geste si tendre avec lequel il frotta l'écran de la machine, Prune eût un regard curieux posé vers lui. Il l'aimait autant qu'elle aimait ses Bidouillages ? Si c'était le cas, elle ferait attention. Les joues du garçon s'empourprèrent quelque peu. Il avait peur qu'elle se moque de lui ? N'importe quoi. Vu les regards si désireux qu'elle lançait à la machine, elle n'allait quand même pas tenter de se moquer de lui. Ce serait 'l'hopital qui se moque de la charité'.

- Tu veux…Je te la prête si tu veux ?

Elle leva vivement ses yeux vers lui, comme emplis d'espoirs et d'envie. Sa lèvre infèrieure fut mordillée et ses yeux se firent plus attendris. Prune tapota ses jambes l'une après l'autre sur l'escalier, attirant plusieurs regards curieux sur elle, comme d'habitude. La jeune fille cessa imèdiatement et eût l'air très sèrieuse d'un seul coup.

- Je peux...Vraiment...?

Ses mains s'avançaient vers le trésor au fur et à mesure que ses paroles poursuivirent dans leur lente progression. Elles frôlèrent délicatemment l'objet tant convoité, puis s'en emparère de crainte de se le voir retiré. Ses doigts fins et laiteux caréssèrent la GBC doucement, avant de l'allumer d'un geste expert. Ses mains calèrent machinalement l'objet entre ses poignets. Le temps que le jeu se lance, elle se cala contre la marche, les jambes coincées sur le rebord, l'air plongée dans une concentration optimale qu'elle n'affichait que dans des moments comme celui-ci. Elle marmonnait toute seule.

- J'commence une nouvelle partie...Yatta... C'partit... Yatta... Yatta...Saute p'tain ! P'TAIN !

La petite sonnerie indiquant que le personnage était mort la déstabilisa un instant. Sa lèvre infèrieure était en feu. Les yeux fixés sur l'écran, elle avait maintenant compris quelles touches étaient assignées pour contrôler la p'tite blonde. En quelques secondes, une nouvelle sonnerie retentit, arracha un petit sourire presque pervers sur les lèvres de la jeune fille. Niveau suivant...

En quelques minutes, la gamine avait parcourure environ cinq niveaux. C'était pas grand chose, mais elle s'était sacrèment appliquée pour récupérer tous les objets qui traînaient, faire les mini quêtes et ainsi obtenir plus de level up.

- Yatta ! J't'ai eû un objet rare ! Yatta, yatta !

Elle n'arrêta pas immèdiatement, le temps de tester l'objet. Puis elle rendit soudain la console au garçon.

- J'adore ton jeu ! Mais je vais pas te le monopoliser.

Un petit sourire mutin s'afficha. Elle avait un regard subitement doux pour le garçon, plus doux qu'auparavant. Prune glissa frivolement.

- T'as d'bons goûts. On va bien s'entendre !

Puis elle tira la langue, attendant patiemment que le garçon reprenne l'objet si vénéré par les deux Croquette-Crevette.